Portrait de bénévole #3

François Allard, Bénévole – AccESS EMPLOI

” Depuis 2020, je suis à la retraite de la fonction publique hospitalière. J’étais cadre de santé en radiologie et en imagerie médicale.  Fin 2019, je suis tombé en burn out.  Il y avait toujours autant de patients, mais moins de professionnels. J’ai senti que mon leitmotiv professionnel qui est une phrase de Louis Pasteur « guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours » perdait sa place dans l’hôpital public, avec une accélération de ce sentiment de perte de sens notamment pendant la crise COVID. Les notions de « service » et de « prendre soin » de l’hôpital public étaient délaissées pour un aspect uniquement rentable qui à mon sens n’est pas la fonction première des établissements publics de santé.

Je suis bénévole depuis un an à l’action AccESS Emploi au Centre Social et Culturel de Marcq en Baroeul.  Avec les professionnels du secteur adultes/familles et plusieurs bénévoles inscrits sur cette action, nous accompagnons des personnes impliquées dans une démarche volontaire  de  retour progressif vers l’emploi. Habitant Marcq depuis peu, j’ai découvert le Centre Social un peu par hasard :  j’ai vu de la lumière et je suis rentré. Pendant ma première année de retraite, j’ai soufflé, beaucoup de repos, de la lecture : de la philosophie, de la sociologie. J’allais régulièrement à la médiathèque de la Corderie. Puis la deuxième année j’ai rencontré Sylvie, coordinatrice du secteur adultes et familles, et la présidente Denise Gimenez également bénévole sur AccESS Emploi, qui m’ont convaincu de participer à cet accompagnement qui m’intéressait. Dans ce retour progressif vers l’emploi, je retrouve d’une certaine manière le coté soin, avec une remise en forme des personnes que nous suivons. C’est à la fois une remise en forme sociale et professionnelle, en travaillant sur l’image de soi, sur les compétences, les qualités et le lien social. Avec l’expérience de certains bénévoles qui viennent de différents secteurs professionnels, je me rends compte des différences entre l’univers du service médical dans lequel j’ai pu exercer et les obligations d’efficacité, de réussite, et de rentabilité liée à l’univers des entreprises à but lucratives ;  en tant que cadre de santé, je participais également au recrutement des soignants et techniciens paramédicaux de mon service.  J’essaie ainsi de partager mon expérience dans la préparation d’un entretien, dans la présentation d’un cv. Nous avons des personnes parfois très éloignées de l’emploi, avec des parcours de vie difficiles et qui ont besoin dans un premier temps d’un lien social, voir médical.  J’ai été aussi élu municipal de la ville de HEM pendant un mandat, et administrateur du CCAS de cette ville. Je m’étais organisé pour que je puisse réaliser mes tâches de conseiller municipal le matin, et en après-midi / soirée pour être présent sur mon lieu de travail à l’Hôpital. C’était un rythme effréné pour toute la famille mais cela me semblait important aussi de participer à la vie citoyenne sans aucune volonté carriériste.

Je considère le bénévolat comme un engagement citoyen, un choix personnel non forcé et qui doit correspondre à la fois à des envies et des disponibilités.  Cet engagement a toujours été présent dans ma famille et dans mon éducation.

Je considère malgré tout mon bénévolat comme une goutte dans l’océan, (ou comme la goutte d’eau dans le bec du colibri qui veut  éteindre, lui aussi, l’incendie…)  et parfois, le résultat n’est pas forcément immédiat avec les usagers.  Mais il me semble que d’accueillir, d’écouter, de conseiller et d’orienter – comme cela peut être le cas au Centre Social – reste primordial pour garder un peu d’humanité dans une société qui me semble parfois de plus en plus âpre au fil des années. ” 

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